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EUDR 101 : Que sont les opérateurs et les commerçants ?
La compréhension des termes de l'EUDR est essentielle pour une conformité à long terme
Le règlement de l'UE sur la déforestation (RDUE) impose des exigences strictes aux entreprises impliquées dans la commercialisation, la mise à disposition ou l'exportation de produits concernés sur le marché de l'UE. Un élément central du règlement est la distinction entre « opérateurs » et « négociants », chaque catégorie étant soumise à des obligations différentes en matière de conformité et de diligence raisonnable.
Il est essentiel pour les entreprises de comprendre ces définitions dans toutes les chaînes d’approvisionnement mondiales, car une mauvaise classification de son rôle pourrait entraîner des poursuites judiciaires et des sanctions financières.
Cet article clarifie ce que signifie être un opérateur au sens de l’EUDR, en quoi les opérateurs diffèrent des commerçants et les implications pratiques pour les entreprises qui naviguent dans ce cadre réglementaire.
Qu'est-ce qu'un opérateur dans l'EUDR ?
Le RDUE définit un opérateur comme toute personne physique ou morale qui met des produits concernés sur le marché de l'UE ou les exporte. Les opérateurs incluent également les entreprises qui achètent des matières premières à des entreprises exportatrices vers l'UE et les transforment en un nouveau produit ensuite mis sur le marché de l'UE.
Par exemple, une entreprise qui importe du beurre de cacao dans l'UE serait un opérateur, et une entreprise qui achète ensuite ce beurre de cacao pour fabriquer du chocolat serait également un opérateur. Le beurre de cacao importé par la première entreprise possède un code SH, tandis que le chocolat produit par la seconde en possède un nouveau ; les deux entreprises sont donc considérées comme des opérateurs. La première entreprise serait considérée comme un « opérateur en amont » et la seconde comme un « opérateur en aval ». Plus loin dans la chaîne d'approvisionnement, on peut également considérer une troisième entreprise qui exporte ce chocolat hors de l'UE, et cette dernière serait également considérée comme un opérateur en aval au sens du RDUE.
Lors de la soumission de leur déclaration de diligence raisonnable dans le système d'information, les opérateurs situés plus en aval de la chaîne d'approvisionnement peuvent se référer à la diligence raisonnable effectuée plus tôt dans la chaîne d'approvisionnement en incluant le numéro de référence pertinent pour les parties de leurs produits concernés qui ont déjà fait l'objet d'un contrôle de diligence raisonnable.
Toutefois, ils sont tenus de vérifier que la diligence raisonnable a été effectuée et conservent leur responsabilité légale en cas de violation du règlement. Pour les parties de produits concernés qui n'ont pas fait l'objet d'une diligence raisonnable, les opérateurs doivent exercer pleinement cette diligence et soumettre une déclaration de diligence raisonnable.
Comment l'EUDR définit-il un commerçant ?
Un commerçant est toute personne physique ou morale de la chaîne d'approvisionnement, autre que l'opérateur, qui met les produits concernés à disposition sur le marché de l'UE. En substance, il met le produit sur le marché sans modification.
Pour reprendre l’exemple précédent, un commerçant serait une entreprise qui achète du chocolat et le vend dans les magasins et les supermarchés.
Les commerçants n’importent pas, n’exportent pas et ne modifient pas un produit, mais commercialisent et distribuent simplement des produits existants déjà sur le marché de l’UE.
Certaines des responsabilités des commerçants dépendent de la taille de l’entreprise, notamment :
- Grands commerçants : obligations de diligence raisonnable similaires à celles des opérateurs.
- Petites et moyennes entreprises (PME) : Obligations allégées (conserver et partager les dossiers de leurs fournisseurs et clients).
- Exemple : un grossiste achète du bois au sein de l’UE pour le revendre à des détaillants.
La distinction entre les grands commerçants et les PME (petites et moyennes entreprises) repose sur des critères tels que le chiffre d'affaires net, le bilan et le nombre d'employés. Ces dispositions sont définies dans la législation RUDR.
Différences entre opérateurs et commerçants
Bien que les opérateurs et les commerçants soient des acteurs centraux dans le cadre du RDUE, leurs responsabilités diffèrent en fonction de leur rôle dans la chaîne d’approvisionnement et, dans certains cas, de la taille de leur entreprise.
Opérateurs
- Placer les produits concernés sur le marché de l’UE pour la première fois ou les exporter hors de l’UE.
- Doit effectuer une diligence raisonnable complète : collecter des données sur les produits, les fournisseurs et la géolocalisation ; évaluer et atténuer les risques de déforestation ou d'illégalité ; et soumettre une déclaration de diligence raisonnable dans le système d'information de l'UE.
- Conserver l’entière responsabilité juridique, même en s’appuyant sur une diligence raisonnable en amont réalisée par d’autres opérateurs.
- Doit conserver les documents de diligence raisonnable pendant au moins cinq ans.
Commerçants
Leurs obligations varient selon la taille :
- Grands commerçants (non PME) : obligations similaires à celles des opérateurs, notamment en matière de diligence raisonnable et de reporting.
- Commerçants PME : Obligations allégées, principalement de collecter et de conserver les informations sur les fournisseurs et les clients pendant cinq ans et de les partager avec les autorités sur demande.
En résumé, les opérateurs supportent la plus lourde charge de conformité, tandis que les responsabilités des commerçants varient en fonction de la taille de leur entreprise. Cette distinction rend essentiel pour les entreprises de l'UE d'identifier correctement leur rôle dans la chaîne d'approvisionnement avant l'entrée en vigueur des règles.
Autres termes importants dans le RDUE
- Mise sur le marché : Première mise à disposition d'un produit dans l'UE.
- Mise à disposition sur le marché : toute fourniture ultérieure de produits déjà mis sur le marché de l'UE. Cela comprend la distribution, la consommation ou l'utilisation d'un produit concerné sur le marché de l'UE, à titre onéreux ou gratuit.
- Déclaration de diligence raisonnable : Déclaration obligatoire des opérateurs (et de certains commerçants) prouvant la conformité.
- Déforestation : Conversion de terres forestières en terres agricoles.
- Sans déforestation : les produits ne doivent pas provenir de terres soumises à la déforestation après le 31 décembre 2020.
- Dégradation des forêts : Modifications structurelles du couvert forestier, y compris la conversion de forêts primaires ou en régénération en forêts de plantation et la conversion de forêts primaires en forêts plantées.
Implications pratiques pour les entreprises
Pour les entreprises de l’UE, l’EUDR ne constitue pas seulement un obstacle réglementaire, mais un changement opérationnel majeur qui nécessite une préparation bien avant les délais d’application.
1. Cartographie et traçabilité de la chaîne d'approvisionnement
Les entreprises devront retracer l' origine des matières premières jusqu'au lieu de production, grâce à des coordonnées de géolocalisation. Cela implique de collaborer étroitement avec les fournisseurs, de garantir l'exactitude des flux de données et d'identifier les pays d'approvisionnement à haut risque.
2. Création ou mise à niveau des systèmes de diligence raisonnable
Les opérateurs et les grands négociants doivent mettre en œuvre des processus formels de diligence raisonnable couvrant la collecte d'informations, l'évaluation des risques, les mesures d'atténuation et le reporting. Ces systèmes doivent être révisés chaque année et documentés afin de démontrer leur conformité.
3. Conformité numérique et système d'information de l'UE
La soumission des déclarations de diligence raisonnable se fera via le système d'information central de l'UE. Les entreprises doivent s'assurer qu'elles disposent des capacités techniques nécessaires pour soumettre des déclarations exactes et ponctuelles et pour se référer aux déclarations en amont, le cas échéant.
4. Allocation des ressources et formation
La conformité nécessitera des ressources dédiées, tant financières qu'humaines. Les entreprises devront peut-être investir dans de nouveaux systèmes informatiques, des outils de cartographie par satellite ou des audits de fournisseurs, et former leur personnel à une gestion efficace de la conformité.
5. Obligations basées sur la taille
Les PME bénéficient d'obligations plus légères, mais ne sont pas exemptées. Elles doivent continuer à tenir des registres de leurs fournisseurs et clients, à assurer la traçabilité et à être en mesure de fournir des informations aux autorités. Les moyennes et grandes entreprises sont soumises à des obligations de conformité complètes à compter du 30 décembre 2025, tandis que les PME ont jusqu'au 30 juin 2026.
6. Risque de non-conformité
Les autorités nationales effectueront des contrôles et appliqueront des sanctions en cas d'infraction. Ces sanctions peuvent inclure des amendes, la confiscation des produits, l'exclusion des marchés publics ou des interdictions temporaires d'accès au marché.
Pour les entreprises de l'UE, le RDUE exige une approche proactive. Investir tôt dans la transparence de la chaîne d'approvisionnement, dans des systèmes de diligence raisonnable rigoureux et dans la collaboration avec les fournisseurs permettra non seulement de garantir la conformité, mais aussi de renforcer la résilience et la confiance sur un marché où la durabilité devient rapidement une exigence fondamentale.
Conclusion
Avec l'entrée en vigueur du RDUE, identifier correctement si votre entreprise agit en tant qu'opérateur ou commerçant n'est pas seulement une question de conformité ; c'est une question de responsabilité et de gestion des risques.
Les opérateurs ont d'importantes obligations pour garantir que leurs produits sont exempts de déforestation et accompagnés de déclarations de diligence raisonnable, tandis que les responsabilités des négociants varient selon la taille de l'entreprise. Pour les entreprises de toute la chaîne d'approvisionnement, la priorité devrait être de mettre en place dès maintenant des systèmes robustes de traçabilité et de conformité, avant l'entrée en vigueur des délais d'application.
Évaluer votre rôle dans le cadre de l’EUDR aujourd’hui permettra à votre entreprise de rester conforme, compétitive et digne de confiance sur un marché de plus en plus axé sur la durabilité.
À propos de l'auteur
Coffee lover and COO of Era of We